"Elle se mouche. Mon Dieu comme elle est splendide quand elle chiale. Si les hommes font tant de peine aux femmes, c'est sans doute parce qu'elles sont tellement plus belles quand elles pleurent."

Katagena, parce que. Au départ, c'était Katarzyna, mais j'ai fait une fausse manip, ça a donc donné Katagena. Mais mon joueb s'appelle Katarzyna. De toutes façons, c'est la même chose. Vu que le "rzy" polonais donne "ge" en français. C'est ma p'tite Julie, une amie polonaise, qui me l'a dit. Katagena est donc Katarzyna, et voilà dix minutes que je vous prends la tête sur trois lettres.  ;)

J'ai un mal de dos monstre à force de ne pas me tenir droite. En cours, j'ai toujours une main sous la table, qui me sert à tenir un livre, en ce moment 99 Francs, rebaptisé récemment en 14,99 €, parce qu'il faut vivre avec son temps, bon sang. Alors forcément, ces petites heures de lectures clandestines ont un déplorable effet sur mes épaules. Je demanderais bien à mon chéri de m'embrasser au creux de l'omoplate, ou de me faire un massage, ou, soyons fous, les deux. Un tel traitement de choc devrait résoudre le  problème, je crois.

"L'amour ressemble aux dominos: la première fois qu'on tombe entraîne toutes les autres chutes. Il l'a désirée comme toutes les jolies filles de son enfance, c'est-à-dire sans qu'elle le sache. Puis il lui a dit "quand je tombe amoureux, c'est très mauvais signe." et elle n'a pas été étonnée. Il lui avait donné rendez vous à minuit sur le pont des Arts, troisième banc à partir de l'Académie française, assis face au pont neuf, là où la seine se divise en deux bras ouverts vers l'avenir. Après, c'est devenu presque trop joli pour être vrai. Il a suffit qu'elle vienne au rendez vous.
- Excusez moi mademoiselle, pourrais-je avoir vos coordonnées afin de vous recontacter ultérieurement?
- Mais tout à fait monsieur...
- Octave, appelez moi Octave. Je crois que je suis amoureux de vous. Cela ne vous dérangerait pas que je dérape sur vos seins, s'il vous plaît, madame?
- Faites comme chez vous. Mais peut être pourriez vous tourner votre langue sept fois dans ma bouche avant de parler?"

[Ca c'est pour le dialogue surréaliste à la Frédérique Beigbeder.]

Saez tourne en boucle depuis maintenant...deux semaines. Depuis son concert, en faite. Je n'aurais pas imaginé un concert pareil, pouvoir passer en l'espace de quelques minutes du rire aux larmes. Pleurer d'émotion sur J'veux qu'on baise sur ma tombe, puis tout de suite après de rage sur Fils de France et Sauver cette étoile...d'une émotion à l'autre, emportée dans son monde, le poing levé quand il dit "Moi, moi je n'y crois plus", ou encore "Satan...tiens, en parlant de lui...j'ai vu les larmes aux yeux, les nouvelles ce matin, 20% pour l'horreur, 20% pour la peur...". Au milieu de la foule, dans la fosse, on se sent tous proches les uns des autres, même si nous ne nous sommes jamais parlés. C'est un courant d'émotions, c'est un feeling étrange que tout le monde ressent. Je me déhanche seule, je saute sur place, je hurle d'indignation, et cette impression étrange de servir à quelque chose. Fausse, peut être, mais bien là. Je pouvais hurler à travers ses mots tout ce que j'avais sur le coeur, cracher sur le monde, cracher sur la société, aimer la vie, aimer l'amour, et rayer tout le reste.

Puis ces deux nuits dans le car, à se regarder les uns les autres sans trouver le sommeil, lumières éteintes, puisque les profs, eux, dormaient. Plus d'échapatoire, plus de Chroniques de Mai 68 par Mavis Gallant, tout ce que je pouvais faire pour moins voir le vide qui passait très vite à la fenêtre, c'était écouter de la musique. Saez, donc Seul au millieu de tous, parce que "passagers clandestins, la nuit, nous faisons résistance.". A consoler Louise, aussi, la serrer fort dans mes bras et pleurer avec elle, parce qu'il vient de lui dire "non", et que ça me rappelle de mauvais souvenirs. Quelques heures, avec elle, avec le bruit etouffé de ses sanglots, et les regards des profs qui se posent de temps à autre sur moi, sans autre interrogation que "mais quand est ce qu'elle va s'assoir celle là?"

D'ailleurs, je ne l'ai pas dit, mais ce car m'a amené, avant de me ramener, d'Italie. Voyage scolaire, un peu comme tous les voyages scolaires, c'est-à-dire délires, coups de gueules, coups de folies, nouvelles connaissances, nouvelles amitiés, flirts, de la vodka oasis passée en douce, en mélangeant telle quelle dans de grandes bouteilles de 2 litres, la vodka à l'oasis, les orgies de redbul, parce que si c'est interdit en france, c'est bien pour quelque chose, non? (non), les orgies de gelati, plutôt de gelato, parce que c'est mieux quand y'en a plusieurs, ceux qui finissent dans les fontaines, se tourner dos à la fontaine de Trevi, et lancer une pièce en faisant très fort un voeux (exaucé), dormir 4heures par nuit et en marcher 6 par jour, échanger des tas de SMS hors de prix avec mon chéri qui n'en était pas encore un, échanger des tas de SMS hors de prix avec tous ceux qui sont en France, parce que mine de rien, c'est dépaysant, et manger du pain sans sel, et râler tous les midis en coeur avec les profs, parce que les piques niques, ils sont quand même universellement dégueulasses. Mais au fond, c'était un beau voyage, et Florence et Rome, c'est d'une beauté à vous couper le souffle. (Même que je connais bien, Rome.)

Là je suis...épuisée. Bizarrement épuisée. Et je ne penses qu'à lui, lui lui lui...rien d'autre, juste à lui, en cours, quand je lis, quand je regarde un film, quand je dors, quand je mange. Phénomène bizarre: Je n'ai plus faim, je dors mal, je ne penses qu'à lui. Amoureuse, moi? Non. Si? Demain, plus que 22heures, et il est là, et je suis contre lui. "Toi contre moi, moi contre toi...", demain c'est loin, c'est proche, c'est tout, c'est rien, et ça fait si longtemps que j'attends...qu'il puisses me murmurer ses SMS à l'oreille comme je embrasserais le cou.

Parce que ses SMS du soir...j'en redemande, toujours. J'aime ses mots, leur pudeur délicate, leur douceur murmurée, j'aime les entendre, puisqu'il ne me les avaient jamais dit, j'aime plus encore les lire, puisque je sais qu'ils existent. J'aime penser quelque chose qu'il va dire à ma place. J'aime m'accrocher à lui, j'aime ses mains sur mes hanches, j'aime ses baisers plus doux les uns que les autres, j'aime son souffle dans mon cou, son nez dans mes cheveux, j'aime mes lèvres dans le creux de son cou. "Allez viens avec moi, nos coeurs à la lumière, les étoiles dans nos bras, et nos âmes en enfer..."

Le reste, c'est loin, c'est proche, je ne sais pas vraiment...

Et pour finir, quelques passages de 14€99 que j'aime, sans trop savoir pourquoi:

"- Mon amour d'émigrée, explique moi juste une chose: pourquoi, dès qu'on aime une femme et que tout se passe à merveille, veut elle nous transformer en éleveur de chiards, placer entre nous une ribambelle d'enfants, une armée de bambins pour crier dans nos pattes et nous empêcher d'être seuls ensemble? Bon sang, c'est si terrifiant d'être deux? Moi j'étais content d'être un couple DINK (Double Income No Kids), pourquoi vouloir faire de nous une FAMILLE (Fabrication Artificielle de Malheur Interminable et de Longue Lymphatique Emollience)?"

"Charlie est lancé. C'est toujours comme ça avec les taciturnes: quand ils se mettent à l'ouvrir, on ne peut plus les arrêter.
- Vous avez entendu parler du Voyage au bout de la nuit de Louis Ferdinand Céline?
- mpffghpffhmmghphh.
- Non, Céline n'est pas une marque de chaussures. C'est un écrivain français. Le héros de son plus célèbre roman s'appelle Bardamu et il fait le tour de la planète à la recherche d'un coupable. Il traverse la guerre, la misère, la maladie, il va en afrique, en amérique, et il ne trouve jamais le responsable de notre désolation. Le livre est sorti en 1932 et cinq ans plus tard, Céline se trouvait un bouc émissaire: les juifs.
Nous savons tous que Céline s'est fourvoyé en devenant un ignoble antisémite- et pardon pour ce pléonasme. Pourtant, nous aussi comme Bardamu, nous cherchons un responsable."

"Patrick et Caroline passent leurs journées à attendre le soir, et leurs nuits à attendre le matin. [...] Des journées entières à effeuiller les marguerites: "Je t'aime, plus du tout, plus beaucoup, pas tellement, pas tant que ça, moins qu'hier, plus que demain." La fin du monde aura lieu dans cinq milliards d'années, et quand le soleil éclatera, la Terre sera brûlée comme une pomme de pain par un lance flamme."