"Je pense à toi nuits. Je pense à toi jours. Aubes, crépuscules et aurores, je pense à toi toutes les lumières.
Je me suis endormi tout habillé.
Le lendemain, on était mardi."

[Florian Zeller, Neiges Artificielles]

Ca se résumme à ça, un peu. Chaque seconde son reflet dans ma tête, puis les chanson qu'on a écoutées ensemble tracent un trait d'union entre notre passé et mon présent, je pense à lui, juste à une heure de moi, mais voilà une heure c'est tout, c'est trop, et je suis trop peu pour défier soixante petites minutes.

Juste un gamin, au moment où je somnolais doucement contre lui, me fait venir les larmes aux yeux, et j'ai envie d'effleurer son nez en riant "petit avion va s'écraser le bout du nez...", et je penses bêtement que cette chanson, elle me fait penser à une jolie berceuse, et que je la chanterais bien à mes enfants, plus tard.

J'avais pas envie d'aller en cours, aujourd'hui, j'avais même pas envie d'ouvrir les yeux sur une autre journée presque identique à celle de la veille. J'avais envie de faire comme hier soir, m'assoir au bord de mon lit, sans m'allonger dedans, trop grand, trop froid, trop vide, et penser à lui en écoutant ses chansons, essayer sans succés de lire, pleurer pour rien.

Marre de mes sautes d'humeur. Ma mère est partie trois jours en randonnée. "Envoie moi une carte postale." Discussion houleuse avec elle, dimanche ses a prioris me tuent. Je ne sais pas ce qu'évoquent les mots "avoir un copain" dans sa tête, mais ça doit être quelque chose de vaguement rose bonbon où se donner la main arrive toutes les 36 du moi, et s'embrasser, juste avant le mariage, un peu de civilité s'il-vous-plaît.

Mais maman, tu sais, si j'ai vraiment envie de faire l'amour avec lui, ça n'est pas toi qui m'en empêchera. Alors autant que ça se passe bien, tu ne crois pas? Je n'ai pas dit que je le ferais, aujourd'hui, demain, je ne sais quand, j'ai dit "si jamais". Puis...puis merde, je suis un paradoxe. "J'suis qu'une gamine, j'veux pas grandir." "Je suis assez grande pour décider de faire l'amour avec lui ou non." Cherchez l'erreur.

Il n'y en a pas, je suis comme ça, un point c'est moi un point c'est tout.

Je ne sais pas pourquoi je suis si fatiguée de tout, ce soir. A cause de mon chien qui a force de tirer sur sa laisse m'a fait des ampoules? A cause de Lui qui me manque? A cause de ce lycée où tout est généralité? A cause d'un manque évident d'inspiration? A cause des cours, des vacances qui arrivent? A cause du monde? A cause de moi? Peut être.

D'ailleurs là, ma chienne est allongée à mes pieds, de quoi est ce que je me plains? Puis je me suis offert tout à l'heure Neiges Artificielles de Florian Zeller (d'où l'introduction de ce post), et Dernier inventaire avant liquidation de Frédéric Beigbeder, même si je cherchais Nouvelles sous ecstasy et que ça m'a légérement exaspérée de ne pas le trouver. Mais cette petite virée de librairie en librairie m'a permis de m'appercevoir que le nouveau Patricia Cornwell "Signe Suspect" était sorti, ainsi que "Quatres filles et un Jean, troisième été" et le dernier Beigbeder, "Confessions d'un homme je-sais-pas-quoi" ou un truc approchant. Mais de toutes façons j'avais pas assez de sous pour m'acheter ne serai-ce qu'une page de ces énormes livres devant lesquels je bavais.

La vendeuse, aussi, m'a agacée. Je lui demande avec un sourire si elle a des livres de poche (en insistant sur le mot) sur Mai 68. Elle va me chercher tous les plus gros livres, pas en version poche, bien sûr. En m'assurant que "non non mademoiselle, je n'ai que ça". Pour un peu j'aurais été tentée de lui mettre sous le nez un exemplaire de Chroniques de mai 68 , format poche, sous le nez, mais mon côté humaine civilisé l'a emporté sur cette basse vengeance. Domage.

Du coup elle a perdu une cliente, parce que mes livres je suis allée les acheter dans la librairie voisine, et toc.

Ce qui m'énerve aussi? Qu'il n'y ai plus rien à bouffer dans le frigo. Et que j'ai pas une tune pour aller acheter de quoi manger. Ca m'é-ner-ve. C'est vrai quoi, ils ont fini les restes hier en faisant la cuisine, ils n'auraient pas pu me le dire? Y'a rien non plus dans le congélo, alors demain c'est qui qui fait les courses? C'est bibi!
De toutes façons, ce soir, tout m'énerve.

Sauf ma Julie qui est venue me parler sur MSN, et avec qui j'ai bien ri tout à l'heure. C'est un rayon de soleil, cette fille. Elle est fraîche, naturelle, enjouée, joyeuse, sincère, franche, ne mâche pas ses mots, rigolote et sensible. Je l'adore. Ma Juju. Bref, accès de sentimentalité, je vous ai habitués à ça, je crois.

Je sens que même cet article va être irritant, voir enmerdant à lire.
Alors un conseil: Ne le lisez pas.
Remarquez, si vous en êtes là, c'est que vous l'avez déjà lu.
Domage pour vous, j'en suis désolée.

J'aimerai trouver quelqu'un contre qui retourner la colère et le ressentiment qui m'habitent. Et ces gens qui trouvent des solutions connes à des problèmes cons.
A question conne réponse conne.
"Si j'avais un gun, je ferais un bon petit shoot comme aux US."
Ben oui, mais tu vois petit, les US ne sont pas à proprement parler un modèle de pays à suivre.
On t'as jamais appris que la violence par la violence, c'était l'escalade des confrontations vaines?

Mais bon, si je l'ouvre, je vais encore être taxée d'intello.
Je devrais me la fermer, les laisser dire que les Alexandrins sont des poèmes en prose et que les sonnets sont faits pour être chantés, les laisser dire que Baudelaire a eu une liaison avec Rimbaud, mais que Rimbaud, qui composait des symphonies et était sourd à coupé l'oreille à Baudelaire avant de s'enfuir avec Georges Sand.

Je sais même pas pourquoi je me prends la tête avec eux.
Parce que...Je m'ennuie?
Peut être.