Assise sur une chaise dans un autre chez moi, que je visite, apprends à connaître, apprivoise. La chaise est confortable, l'ordinateur est un portable avant dernier cri, derrière moi se trouve un lit deux places, deux guitares, une autre à côté de moi, des magasines, des livres, des affaire un peu en vrac par endroit.

Là, il est sous sa douche, je l'imagine se passant la main dans les cheveux, la gueule un peu enfariné par notre soirée et notre nuit, le sourire discret et les yeux verts qui s'évadent dans le vague. Et moi je suis là, j'écris parce que je ne peux pas m'en empêcher, parce qu'il y a un trop plein d'émotions et de choses à raconter.

Lui, lui lui.
Saez, Saez, Saez.

Après une journée insupportablement longue, je regarde encore une fois la feuille où est marqué mon trajet, pour être sur de ne pas faire de bourde dans les RER. Ca m'agace. Ca m'agace ces gens qui se croient obligés de vous coller. J'étais bien tranquille à ma place, contre la vitre, lorsqu'un gars est arrivé. 18, 19 ans à tout casser, beau gosse, sûr de lui. Il s'assoie d'abord à deux sièges de moi, puis me regarde et viens se mettre en face de moi. Monsieur ne s'arrête pas là, sa seigneurie croit avoir le droit de me faire du pied, le regard méchant que je lui lance le remet vertement à sa place. Non mais ho. Débarrassée de lui? Non. J'arrive à St Michel, il m'aborde "Excuse moi, tu veux un coup de main, tu as l'air un peu perdue?""Non merci, je me débrouille très bien seule." Et je lui tourne le dos. (et lui tire la langue, dans le dos) Agaçant.

Puis...quelque chose m'échappe, pourquoi est ce que lorsque je suis "seule", "célibataire" "alone", enfin tout ce que vous voulez, -pourquoi a ton besoin de 45 000 mots pour dire la même chose?,  pourquoi est ce qu'à ce moment là personne ne vient vous voir, alors que lorsque vous êtes en couple, heureuse, comblée, tout le monde se pointe avec des regards charmeurs et un langage fleuri?
En faite...je m'en tape.

La gare de Fontenay aux roses, sa voix au téléphone, une fois, deux fois, trois fois "t'es où?""Là, j'arriiiive!!""Okay, j'viens à ta rencontre!" marcher le nez en l'air, parce que dans cette ville -enfin..."ville"..., il y a beaucoup de cerisiers roses, en fleurs, et regarder le ciel, les pétales qui volent comme des flocons de neiges roses et se posent au sol doucement, c'est plus que tentant. Et puis...il est là. Il m'a vue avant que je ne le vois, il s'avance vers moi, il a ce doux sourire que j'aime tant, je me forces à avancer calement, à ne pas accelérer, à ne pas me jeter sur lui pour...Bref.

Deux pas, il est enfin contre moi. On s'embrasse, on se serre, je respire à pleins poumons l'odeur de sa peau, je revis, je rayonne, je suis amoureuse, je suis une artiste et ma muse, c'est lui. Il me tend mon passeport pour le paradis (Cf la place de concert) (mais suivez un peu!!:p), et nous voilà partis, son bras autour de moi, sa main sur ma taille, pour une boulangerie.

Nous allons repérer les lieux de la salle de concert, ou plutôt du théâtre. Il est minuscule: 800 places. Il y a une cinquantaine de lycéens/étudiants qui attendent déjà devant, assis sur les marches, discutant et mangeant. Je n'aime pas ces gens, ce public. Ca sent la compétition à 100 mètres à la ronde, l'envie de critiquer qui suinte par tous les pores, ça s'épie, ça montre du doigt et ça parle dans le dos des autres...c'est déplorable.

A vrai dire...Je n'ai jamais accroché avec le public dit "Fan" de Saez. Ceux qui cotoient les sites principaux de l'artiste, squattent les forums, font des Mailing List qui ne valent pas un Kopeck, tous ceux là, je ne peux pas les voir. Ils sont tous à traîner leur philosophie de la vie, du haut de leur dix huit ans ils figurent tout connaître "de cette conne de vie", et vous observent avec mépris. Ils sont  blasés, rebels, insupportables. Ils crachent sur le capitalisme en allant faire les soldes. Leur vie entière est un paradoxe. Si l'on démêle ce paradoxe on arrive à la conclusion qu'ils se détestent eux mêmes, que la vie qu'ils excèrent est celle qu'ils mènent. Pitoyable.

Donc pour éviter cette foule hostile, nous nous dirigeons vers le parc, situé à vingt pas de là. Des bancs sous des arbres, un avant goût de printemps me dis-je avant de réaliser que nous sommes au printemps. Ah oui? Nous nous asseyons et nous restons là, dans les bras l'un de l'autre, les sandwich dans nos sacs puisque nous ne songeons même plus à manger mais seulement à être ensemble. On se raconte nos journées, la scolarité à l'air d'être universellement enmerdante, je tourne son visage vers moi pour admirer ses yeux, il m'embrasse, je ri, le repousse, l'embrasse dans le cou.

Là bas, devant la salle, quelqu'un bouge. Mouvement de foule! débandade! Une personne bouge, les moutons suivent! Et nous de mêmes, nous nous levons et remontons jusqu'à la salle, persuadés qu'ils commencent à faire entrer le public. Du parc, nous entendions comme une douce mélodie le son des dernières balances qui s'enfuyait de la salle et voguait jusqu'à nous. Un goût d'inédit, de chance, un goût de concert en plein air, tout semble particulier, étrange, différent.

Dans la salle, c'est la chaleur etouffante qui nous prends tout d'abord. Nous allons nous placer dans la fosse, au devant de la scène, au troisième rang à peu près, dans la ligne de mire quoiqu'un peu près des enceintes. Je me hisses sur la pointe des pieds, inspecte la salle du regard: petite, bien organisée, beaucoup d'éclairages, sur une mezzanine une caméra, sur scène un micro, deux micro trois mi...une batterie gigantesque, un synthé à deux claviers, quatres ou cinq guitares, deux basses, des baguettes, des médiators, des membres du staff qui s'activent, puis repartent en coulisse. de la fosse, une hystérie latente, une fièvre qui monte..."et la fièvre qui monte, et puis toi...et puis toi...qui m'enivre..."

Enfin, il apparaît, devant nous, si proche, ses yeux se posent sur tous, accrochent certains regards, accrochent le mien, un instant, puis me lâchent. Quelques accords électriques, les maisn de mon chéri autour de ma taille, l'îvresse de la proximité, grisés par la musique. Un "Défoncé défonce moi" mémorable, un "Sexe" ondulant contre lui, les chansons s'enchaînent, hurler jusuqu'à n'en plus avoir de voix sur "Jeune et Con", tout se suit, il alterne avec brio, avec génie rythmes calmes et enlevés, j'oscille et saute tour à tour, je sanglote durant "Fils de France", "J'veux qu'on baise sur ma tombe", "Tu y crois", "A bout de souffle", je me démène, il me semble que je ne pourrais jamais m'arrêter. Il est face à moi, à moi.

"God Blesse Americaaaaaaa!!!", il enchaîne, parodie le gouvernement américain, chante leur hymne national en faisant des "nianniannian" qui sonnent comme des provocations. Je ris noir, c'est malsain, c'est abjecte, c'es lourd, très lourd à voir. Pour un peu j'irais vomir ce monde, dehors sous les étoiles si pures. Il met son micro à terre, "Alors les manifestations...vous y étiez? Ca fait plaisir à voir....pourvu que ça dure...Police, Milice...il est temps mon ami de libérer paris...on matraque les étudiants...68....ça fait plaisir à voir, plaisir..." hurlements.

Coup en traître à la fin du concert, il part, aprçs un troisième rappel "Tu y crois toi?" "A bout de souffle", "Lose myself" et "Crazy in love", il part sur un dernier "Fuuuuuuuck Beyoncée!!!", et nous laisses, plantés là, enivrés d'espoirs, camés, tous drogués à sa musique. Il nous laisses, là, perdu sans notre "héroïne". La jeunesse avait trouvé un sens, une voix à suivre. Maintenant, il nous laisse réfléchir par nous même. C'est un peu ça. "La jeunesse France..."